1349. EN NORD DAUPHINE ET NOS VILLAGES DEVIENNENT FRANCAIS
Collectif d'auteurs. Edition BELLIER.
Au XIVeme siècle, le territoire actuel de la commune de Trept qui dépend du mandement de Crémieu, est alors divisé en trois hameaux indépendants les uns des autres : en 1339, TREPT compte 50 feux (environ 225 personnes), COZENSAS où l'on recense 63 feux ( environ 283 personnes) et SERRIERES ( pour lequel on ne connait malheureusement pas les chiffres).
Les épidémies de la peste de la fin du XIVème siècle laisseront des traces sanglantes sur la démographie : TREPT ne comptera plus que 17 feux en 1372, 22 en 1383, 32 entre 1393 et 1395. On comptera 30 feux à COZANCE en 1372 (17 en 1383 et 25 entre 1392 et 1395), Les deux hameaux de SERRIERES et de COZANCE seront associés à partir de 1379 pour ne plus former qu'une seule paroisse.
On ne sait que peu de choses sur l'économie locale. Pays de pierre, TREPT possède peu de terres arables; une légende locale prétend d'ailleurs que le nom de TREPT provient de l'expression " beaucoup de pierres, très peu de terre ". Le grand marais des Vernes joue un rôle essentiel pour la pâture mais il influence négativement la santé des habitants. Cette contrée est reconnue pour l'une des plus malheureuse du Dauphiné. Cela n'empèche pas le prieuré de DOLOMIEU de posséder un patrimoine conséquent dans la paroisse de TREIC et d'y nommer un curé. Les propriétés éloignées du prieuré, nécessitent un fonctionnaire particulier, le mistral. A cette époque, un certain Johanet est mistral à TREPT. Il occupe les diverses fonctions de percepteur, garde forestier et garde champêtre, représentant local des moniales, chargé de percevoir les servis et de faire respecter les droits seigneuriaux.
En 1314, Jocelin de Grolée reconnaît tenir à TREPT le moulin Mugnard. Le moulin reste un franc fief, c'est à dire qu'il n'est soumis à aucune redevance : Par contre Jocelin de Grolée doit un servis annuel à l'abbaye de Saint Pierre pour la terre par où court et transite l'eau de moulin. Il est donc entièrement sous la dépendance du monastère.
Les bâtiments et les hommes qui les occupent sont pour certains mieux connus : Dans la paroisse de COZENCAS, dont l'église est dédiée à Saint Didier, il existait une maison forte, mentionnée dès 1306. A cette date, elle est inféodée par le Dauphin de Giffrey de Virieu. On sait aussi qu'en 1339, le seigneur de cette maison forte était l'homme lige du comte de Savoie et qu'il devait lui fournir deux hommes armés à cheval si besoin était. La maison forte de COZANCE domine l'ancienne voie romaine ; Elle dispose d'un puits et d'un colombier à l'intérieur d'une enceinte bordée de fossés. Il n'en reste maintenant que quelques vestiges : larges murs, belle cheminée et cave imposante. La tour quadrangulaire d'environ 80 mètres carrés est très abimée : il n'en subsiste que le rez-de-chaussée et le premier étage. Elle est maintenant transformée en ferme.
On connait beaucoup mieux cependant la maison forte de SERRIERES qui existe encore de nos jours. Surplombant du haut d'une terrasse naturelle la voie ancienne de CREMIEU à MORESTEL, cette demeure seigneuriale impose au paysage la sévérité de ses murailles et jouit d'une vue très étendue sur les monts du BUGEY et de la CHARTREUSE. Cette maison forte avait droit à la qualification de château comme fief ayant juridiction.
La forteresse s'organise selon un plan quadrangulaire et comprend un vaste corps de bâtiment flanqué d'un puissant donjon carré couronné de machicoulis et de plusieurs tours, dispose d'un puits à l'intérieur de ses limites. L'accès se faisait à l'Est par un passage aujourd'hui condamné qui conserve la trace d'une herse. Un chemin de ronde où l'on peut voir créneaux et bretèche souligne le rôle de défense de cette place forte. Construite à partir du XIIeme siècle, elle dispose dans ses sous-sols sous pratiquement toutes les surfaces de la cour dallée, d'un jeu de sept citernes se vidant les unes dans les autres, ce qui assurait l'eau pendant un siège plus long.
Les textes mentionnent en outre l'existence d'une chapelle. (Le château subit au XVème et XVIème siècles des transformations importantes : Tourelles d'escalier, nouvelles fenêtres, cheminées, galeries...)
Attestée pour la première fois en 1286, date à laquelle un acte y est rédigé, elle appartient alors à Guerard de La Poype. (La famille de La Poype est originaire de CREYS. "Poype : Nom donné à une motte féodale". Mais sa famille en est propriétaire depuis 1135. La famille de La Poype, se manifeste dans la région de SERRIERES dès 1223 " vente par ... Habitants de MORESTEL à André de BOVERIA, acquéreur pour Etienne de La Poype, Chevalier de SERRIERES, de fonds dans le village de SERRIERES"
Les membres de la famille de La Poype sont mentionnés très tôt dans l'histoire. Quelques-uns d'entre eux sont mentionnés au cours du XIVeme siècle; On sait qu'Etienne de La Poype , seigneur de SERRIERES de Saint Julien ( Commune de SICCIEU-Saint JULIEN et CARIZIEU), fut nommé connétable de la terre de la tour par le Dauphin Guigues V en 1289 pour reconnaître ses services et lui fit don de plusieurs cens dans la terre de SERRIERES. Mort en 1299, "il gist en l'église des frères prêcheurs de Lyon, où il est représenté sur sa pierre tombale armé de toutes pièces au milieu de ses deux femmes " Armorial de Bresse et Bugey. par Guichenon.
En 1302, à CREMIEU, Guichard de La Poype donna deux florins d'or pour la reconstruction du pont du Rhône à Vienne.
En 1325, Jean de La Poype meurt en Guyenne au service du roi de France Jean II dit le bon (1319-1364)
En l'an 1346, un Louis de La Poype se trouve à la bataille de CRECY sous Philippe VI de Valois
En l'an 1356, Guichard de La Poype est fait prisonnier lors de la bataille de Poitiers avec le Roi de France JeanII le Bon (1319-1364) et le suit en Angleterre.
Le 29 juillet 1364, Dame Antoine de Chapeau Cornu lègue par testament à Noble Jean de La Poype, chevalier son oncle, 10 livres de rente.
Le 24 août 1375, Jeanne de La Poype de SERRIERES se marie à Jacques ou Jacquement Labre, fils de Béatrix de Bocsozel.
autour de 1390, Antoine de La Poype sert le roi Charles VI.
sources :
Images d'un patrimoine, inventaire du canton de Crémieu/ DRAC/ Avril 1998
Histoire des communes de l'Isère/ HORVATH/ 1987
L'abbaye de Saint Pierre de Lyon/ Joseph PICOT/ 1970
Revue évocations N° 121-122: octobre 1957.E.Doncieux. Le château de SERRIERES.
Monographie sur la famille de La Poype / réalisé par Marius GROS/ 1976-1986;
Les maisons fortes du mandement de CREMIEU( mémoire de maîtrise 1986- 1987) Muriel de Saint CYR.
L'îsle CREMIEU dans la première moitié du XIVeme siècle ( mémoire de maîtrise d'histoire- 1990) Bénédicte GUILLOT